Pollution à vendre

Les scientifiques, les gouvernements des pays industrialisés et les grandes entreprises pollueuses s’accordent à admettre que le climat change de façon inquiétante. Tous reconnaissent que les émissions de gaz carbonique, issues de la combustion du pétrole et du charbon, sont pour beaucoup dans ce dérèglement. Cette prise de conscience a débouché sur la signature du Protocole de Kyoto en 1997, visant à réduire les émissions de CO2. Malheureusement, ce beau consensus vers une plus-value écologique s’est peu à peu transformé en une recherche de plus-value financière. En quelques années, le gaz carbonique est devenu une marchandise qui s’échange, se vend ou s’achète, sous forme de crédits d’émissions qui se négocient comme des droits à polluer. Londres a déjà créé sa bourse du CO2 ; l’Union européenne s’apprête à faire de même. Quant aux États-Unis, ils expérimentent le même type de bourse à Chicago. Car s’ils ont décidé de faire cavaliers seuls et n’ont pas signé le Protocole de Kyoto – s’exonérant ainsi de toute obligation écologique –, ils se préparent à entrer en force sur le marché de la pollution ! Certaines entreprises ont même imaginé de forcer la nature en enfermant artificiellement du CO2 sous terre. À Weyburn, au Canada, de grands groupes exploitent ce filon, d’autant plus rentable que le gaz carbonique peut aussi faciliter l’extraction du pétrole. [...]