Récit d'exil

C’est dans son taxi, durant sa tournée de nuit que Monsieur Djilali me raconte son histoire : celle d’un exilé algérien qui, à 50 ans, a tout quitté pour sauver ses enfants, alors que le seul espoir de l’Algérie, Mohamed Boudiaf, avait été assassiné en juin 1992. Au fur et à mesure que Monsieur Djilali replonge dans ses souvenirs, mes propres images mentales ressurgissent, donnant à voir les seules vues de l’Algérie que je connaisse et que j’ai puisé dans mes recherches : celles du photographe suisse M. V. Graffenried, qui retourna 12 années témoigner de cette Algérie à la dérive, à travers ses photographies d’un pays déchiré, n’arrivant pas à trouver le juste équilibre entre son identité arabo-musulmane et son désir de modernisme. À ces images, viennent s’ajouter les mots écrits de ces hommes et de ces femmes, algériens et algériennes qui, au travers d’une correspondance courageuse, témoignent de tout un quotidien. Ces lettres venues d’Algérie et destinées à la France sont autant de cris que cette dernière n’a pas sus, n’a pas voulus entendre. Aujourd’hui, ces mots résonnent dans ma tête et participent, tout comme ma rencontre avec Monsieur Djilali ou encore les photographies de M. V. Graffenried, de mon attachement à cette histoire et au besoin que j’éprouve de la raconter. Au bout du voyage, la Méditerranée