Les Tambours d'avant : Tourou et Bitti

Une danse de possession se déroule dans la concession du Zima Dauda Sido, au Niger. Lors de cette fête, où les participants demandent au génie de la brousse de protéger les récoltes contre les sauterelles, les tambours archaïques tourou et biti vont battre. L’orchestre se compose d’un joueur de vielle, de trois batteurs de tambours calebasses ("turu") et du joueur de tambour grave à membrane ("biti"). Ce film a été tourné en un seul long plan-séquence.

"Ce plan-séquence montre un rituel de possession. J’avais une caméra Éclair et un 10 mm et je marchais – ce qui n’est pas tout à fait normal de marcher dans un rituel de danse […] surtout qu’il faut être très près quand vous tournez avec un 10 mm […] et à un moment donné, lorsque l’orchestre s’est arrêté de jouer, […] j’aurais dû m’arrêter de tourner […], et j’ai continué à tourner, et la question que je me pose, c’est "Quel est le rôle de la caméra dans un rituel comme ça ?" […] Pour les gens de Simiri, ils pensent que moi je vois, dans le viseur de la caméra, je vois les Holley, les dieux qui viennent. […] Donc la caméra jouait un rôle d’une certaine provocation rituelle, disons de catalyseur, permettant de participer d’une certaine manière à un rituel que l’on filme."
(Jean Rouch, 1995)