Matta

En dépit des apparences, la rétrospective de son oeuvre en 1983 au palais de Cristal de Madrid par exemple, Matta ne serait pas un peintre ! C'est un "vitreur", surréaliste de surcroît bien que Breton l'ait exclu du mouvement. Etre surréaliste pour Matta, c'est une éthique, plus qu'une esthétique, une mattamatique pour découvrir le monde et connaître à travers le tableau, sa méta(matta)phore. La peinture de Matta (Chili 1911) n'est pas abstraite, elle est métaphorique comme sa conversation. Il est le pirate qui cherche, dans un automatisme introspectif, à dessiner la carte de l'île pour trouver le trésor. Il est l'Ulysse lancé sur la mer, armé de rien, que le vent a porté vers le Paris d'avant-guerre, du côté des surréalistes, puis entraîné aux Etats-Unis en pionnier de l'expressionnisme abstrait, et finalement ramené sur nos rives où il dessine désormais à la palette graphique. À travers des entretiens avec Dominique Bozo, Jean-Christophe Bailly et Christian Bourgois, c'est cette navigation à vue d'un homme qui a refusé de mettre sa vie à la banque pour y attendre les intérêts, que le film de Pierre-André Boutang et Guy Seligmann donne à voir.