La Via del petrolio - 1. Le Origini - 2. Il Viaggio - 3. Attraverso L'Europa

Documentaire
    Réalisé par Bernardo Bertolucci • Écrit par Bernardo Bertolucci
    Italie • 1967 • 50 minutes • 16 mm • Noir & Blanc
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

"Ce documentaire aux dimensions insolites prend les chemins les plus inattendus et utilise les moyens les plus divers. Réalisé dans la période de reflux émotionnel et idéologique qui sépare "Prima della rivoluzione" d’"Agonia", épisode peu connu avec le Living Theater, dans l’étrange va-et-vient où se trouve alors Bertolucci – partagé entre son attirance pour l’underground et son besoin de spectacle – La Via del petrolio atteste une continuité d’auteur, une obstination à faire du cinéma. Il est marqué par la conscience forte de la nature interventionniste, mise en scène, du film de non-fiction.
Par moments, on pourrait être devant un manifeste du "cinéma de poésie" pasolinien – où les rimes sont dans le filmage et le montage plus que dans l’histoire racontée – qui se croiserait, détour paradoxal, avec le grand projet rossellinien ("les choses sont là", etc.). La non-fiction avait à l’époque deux références : Rouch et l’école du "direct" (canadien par exemple).
Loin de l’un et de l’autre, Bertolucci inscrit dans le documentaire de commande son attitude devant la fiction. Il le fait par les procédés les plus anti-rosselliniens qui soient, suggérés par la Nouvelle Vague et Godard : discontinuité, journal d’un cinéaste, citation littéraire, musicale, cinématographique (directe ou indirecte, par mimétisme), collage...
Ainsi, dans le premier épisode, Les Origines, le cinéaste dramatise les forces élémentaires à l’œuvre dans la naissance du pétrole, organise oppositions et contrastes entre la nature et les hommes. Le film, dédié "aux enfants persans", joue surtout sur un aller-retour incessant entre présent et passé : gros plans d’enfants et coups de feu dans la nuit, informations documentaires et évocation des Mille et Une Nuits... Le mouvement d’appareil lyrique, figure la plus identifiable de l’écriture de Bertolucci, ne manque pas avec ses descriptions de paysages en hélicoptère.
Dans Le Voyage, deuxième épisode, il filme, selon son récit, "les perforateurs comme s’ils étaient les pionniers d’un western archaïque, et les pilotes d’hélicoptère comme des héros anarchistes et individualistes, comme les personnages solitaires de Godard ou de Seuls les anges ont des ailes".
La troisième partie, en nette rupture de ton, se dote d’un narrateur, personnage tantôt ironique, tantôt respectueux, tantôt légèrement ridicule, qui – tel les soldats de "Paisà" – remonte vers le nord, dans la lumière des "Fioretti" (mais
c’est aussi celle de "Prima della rivoluzione").
Plus qu’au "beau voyage" de l’auteur d’"India", c’est à un voyage sentimental qu’il renvoie, à Sterne ou à Baudelaire. L’évolution ultérieure du cinéaste suggère après coup une autre lecture, plus italienne qu’européenne : le goût pour l’exotisme, l’interrogation sur des cultures autres, où Bertolucci réconcilie ces deux figures tutélaires, le Pasolini des divers Sopraluoghi (repérages) et Rossellini versant encyclopédiste."
(Bernard Eisenschitz, Janvier 2008)

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