Daniel Pommereulle, pas vu, pas pris

"L’interview de Daniel Pommereulle alterne avec des scènes dans lesquelles il déambule en bord de mer ou sur les quais d’un port. Ses sculptures, visibles en images d’archives et de catalogues, sont parfois montrées "in situ" (à Drusenheim, à Champigny, au collège Paul Eluard lors d’une installation en plein air). Des extraits de films, comme La Collectionneuse de Rohmer (1966) où il joue son propre rôle, exposent ses essais d’acteur.
Daniel Pommereulle (1937-2003) réalise d’abord des séries de sculptures comme Objets oubliés (1963), Objets hors vue et Objets hors saisie (1964), où figure le fameux pot recouvert de lames de rasoir dont Rohmer fera un objet de pensée. Objets de tentation (1966) à la galerie Fels, pourvus de seringues et de substances interdites, s’appuient sur le principe de la prise de distance. Son passage par le cinéma, avec Rohmer, Truffaut, Godard ou Garrel, n’est pas vraiment un travail d’acteur mais une occasion de se sentir plus proche de lui-même. Pour l’exposition Fin de siècle (1975), il produit Mur de couteaux et Toboggan aux enfants, symboles d’un siècle menaçant, et continue sur cette lancée avec Objets de prémonition. Puis vient le règne de la transparence, développé par une alternance entre peintures et sculptures utilisant le verre. Dans son travail, il tente de désapprendre pour se sentir sans contingence et sans mémoire, préférant le point d’interrogation au "grammatical"."
(Christine Rheys)