Georges Mathieu ou la fureur d'être

Georges Mathieu ou la fureur d'être est un film organisé autour d'une interview graphique improvisée par Georges Mathieu, réalisée à la demande du cinéaste. Elle confère au film une ligne narrative qui, en le "fictionnalisant", restitue, sous la forme du conte initiatique, placé sous le sceau du signe, les rites, le cérémonial et au final, tout le mystère et la merveilleuse légende de Georges Mathieu. Mathieu a peint deux toiles en direct pour ce film : Charles Quint et La Nécessité de l'espérance. C'est alors, par la magie du cinéma, que le mouvement du cinématographe épouse intimement le geste créateur et met en lumière la quintessence suprême du génie à l'ouvrage, l'art de Mathieu, prémisses à la fête suprême d'être : le privilège d'être. Georges Mathieu ou la fureur d'être marque l'une des toutes premières collaborations de Frédéric Rossif et de Vangelis. Le génie de Mathieu, uni à celui de Vangelis, convoqué sous l'œil extraordinaire de Rossif, fait de ce film bien plus qu'une œuvre d'art : à travers l'exaltation de tous les sens, c'est un véritable manifeste pour les générations futures, l'appel à une Renaissance esthétique, spirituelle et morale. L'aspect hautement prophétique de cette œuvre dionysiaque trouve dans notre monde d'aujourd'hui, plus de trente ans après, des prolongements inattendus. Le film est renforcé et porté par la majesté du commentaire de François Billetdoux et les voix mélodieuses et envoûtantes du dramaturge et de celle de la comédienne, Nathalie Nerval. Tous ces éléments réunis donnent à l'œuvre de Rossif un souffle épique et chevaleresque, empreint des fulgurances et de la beauté de l'enfance qui rejoignent, pour s'y fondre, la grandeur de l'art de Mathieu. Ils appuient de même la valeur poétique qui se dégage de l'ensemble pour parachever et traduire par le langage du cinéaste et l'essence même de l'art cinématographique, la révolution sémantique de Mathieu : le signe précède sa signification.