J'ai pas changé de bord

J’ai pas changé de bord a pour décor une ville, Avranches. Sous-préfecture de la Manche. Région Basse-Normandie. Moins de dix mille habitants. Cette ville je l’ai quittée il y a longtemps pour Paris. Pour le cinéma. La Manche est surtout connue pour ses centrales nucléaires. Flamanville, cela parle à qui ne sait rien d’autre de ce bout du monde qu’est la presqu’île du Cotentin. La Basse Normandie c’est aussi les plages dites du Débarquement. La guerre. Le poids de l’Histoire.
Quand j’étais au lycée, la Libération par les Américains était passée à la trappe pour une épopée plus sucrée, celle de cette France frivole de l’après 68. Mais l’Histoire était bien là, faisant son travail comme une sorte d’inconscient au bout duquel la politique s’est intéressée à nous. Avec mes petits camarades du lycée, on essayait de lire Marx, on luttait contre le nucléaire. Tout est politique, avions-nous repris à notre compte. La guerre, l’Histoire, les centrales nucléaires, le rock, le cinéma. Tout. Pendant ce temps-là, mon frère reprenait l’entreprise familiale…
Mais aujourd’hui, est-ce qu’on y croit toujours, à la politique ? C'est cette question que j'ai posée, à mes copains du lycée, à mon frère, à d'autres croisés au hasard du tournage. Et comme on a tous un avis sur la politique au moment des présidentielles, j'ai trouvé bon de commencer le film en 2007, avec la défaite de Ségolène Royal, et de le terminer en 2012, avec la victoire de François Hollande.
J’oubliais : Avranches est ce qu’on appelle une ville de droite