What's going on, la vie et la mort de Marvin Gaye

La première scène est sublime. Désespérément triste. Gants aux poings et rage au coeur, Marvin Gaye s'entraîne dans une salle de boxe d'Ostende. Sa nouvelle terre d'asile, sa promesse de rédemption. En 1981, le Prince de la soul s'apprête à livrer l'affolant "Midnight Love", son dernier album. "J'ai passé ma vie à me battre contre ma famille, ma maison de disques, mes deux femmes et ... mon très cher père. Mais c'est contre mes propres démons que j'ai mené mon pire combat", confesse-t-il, usé. Trois ans plus tard, ce même père - un pasteur fondamentaliste - le tuera brutalement à Los Angeles. Le réalisateur retrace en musique le destin tragique de la star de la Motown et met à nu ses fêlures existentielles. Derrière le glamour d'apparat, l'abus de cocaïne ou de sexe se dissimule un être absolu et extrasensible, poreux à la souffrance, dont la voix fièvreuse semble connectée à l'âme. Ce film vibrant prend la forme d'une déclaration d'amour chorale (parents, producteurs, amis...). Constellé d'archives rares et de reconstitutions en clair-obscur, il célèbre son chef-d'oeuvre, "What's going on" (1971). Un message de paix universel, hanté par la guerre du Vietnam, la misère, Dieu, la drogue et le devenir de la Terre. (Eléonore Colin