La Vie trépidante

"Octobre 2004, je suis à en Irak pour faire un film et animer un atelier de création audiovisuelle avec mon ami le cinéaste Saad Salman. Je rentre fatigué et amaigri mais vivant de mon séjour à Bagdad sous forme de baptême du feu. Je passe deux semaines enfermé devant les images que je ramène d'Irak tentant en vain de comprendre le trouble qui m'envahit et ne pensant qu'à une seule chose : y retourner au plus vite. Paris, dans la grisaille d'automne, m'apparait fade et moribond. L'opposé exacte du Bagdad que je viens de quitter : brulant, nerveux et bien vivant malgré le chaos et les attentats quotidiens. Je décide donc d'aller dans le sud de la France rejoindre mes grands-parents qui s'apprêtent à passer une semaine dans leur appartement des Pyrénées. Et spontanément je filme. Je filme tout le temps, je filme avec ce que j'ai sous la main, un appareil photo compact à la résolution qui ferait pâlir de honte les standards de diffusion télévisuelle broadcast et une carte SD 32 méga qui m'oblige à décharger toutes les 20 minutes d'images. Mon grand-père décèdera d'une rupture d'anévrisme 6 mois plus tard, à la veille d'un week-end de pêche avec ses fils et le lendemain de ses 56 ans de mariage avec sa femme Jacqueline. Il échappera ainsi à un cancer généralisé qui s'était déclaré quelques mois auparavant et qui aurait fait de l'hôpital sa résidence principale et la douleur sa compagne de chambrée. Ce film sera la dernière fois que je le verrai vivant...et bien vivant.