L'Art du fil au château d'Angers

À la fin du XXe siècle, la restauration des nombreuses scènes de la tapisserie de l'Apocalypse au château du roi René à Angers a été l'occasion, pour la Caisse nationale des monuments historiques, d'organiser une exposition et des animations visant à faire connaître les tisseurs du passé et leurs héritiers contemporains, tant restaurateurs que créateurs. Ce film leur sert de tribune pour expliquer leurs métiers. La tâche arachnéenne de Marie-Annick Loubaud est de longue haleine : il lui faudra douze ans pour retisser à l'aiguille les lacunes des soixante-dix-sept tentures d'Angers détériorées par le soleil, la lune et la poussière. Les couleurs d'origine n'apparaissent que sur l'envers et il faut trouver des fils aux tons atténués pour que les reprises ne jurent pas sur l'endroit. Un travelling sur l'immense ouvrage en cours illustre les commentaires de la restauratrice sur les techniques des artisans du XVe siècle. Le style est parfois peu canonique : les anges, tissés en rond, prennent un peu trop de relief. Dans les salles du château, une brodeuse et une licière font des démonstrations et expliquent les œuvres du passé exposées dans toute leur variété : deux fibres différentes utilisées avec le même point de broderie jouent sur la finesse d'un modelé. Plus loin, le Centre régional d'art textile perpétue la tradition du métier de basse lice que présente une jeune créatrice copiant un carton.
(Laurence Wavrin)