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Quarries

Documentaire
    Réalisé par Ellie Ga • Écrit par Ellie Ga
    Portugal, Suède, France • 2022 • 40 minutes • Couleur
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  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

"Que fait-on des pierres qu’on extrait des carrières ? On peut ériger de gros blocs en monuments du pouvoir ou de la grandeur, comme celui dressé par Salazar au bord du Tage en mémoire des conquérants de l’Empire portugais. On peut aussi agencer horizontalement de petits fragments noir et blanc et dessiner ainsi au sol toutes sortes de formes et de figures. Ellie Ga a placé cette opposition au cœur de son nouveau film et a clairement choisi son camp : celui des artisans paveurs de Lisbonne et de leur art en voie de disparition. La méthode est celle de Gyres (FID 2020), avec lequel Quarries compose un parfait diptyque : l’écran comme table lumineuse tripartite, les mains et la voix de l’artiste comme outils d’une performance de pensée chorégraphiée. Le mouvement des images qui vont, viennent, glissent, se juxtaposent ou se superposent, s’accorde au tempo du discours. Tout est mis à plat, confié à la navigation d’une pensée qui, portée par une voix monocorde, s’en tient à l’énoncé des faits, comme les mains se contentent de distribuer les images ou Jorge, maître paveur, d’agencer ses carrés noir et blanc. Si Gyres naviguait en haute mer, porté par les courants océaniques, Quarries resserre le champ sur les mains des hommes et leur usage des pierres à travers les âges. L’art si singulier d’Ellie Ga y gagne en précision et densité. En émotion aussi, par sa manière de lier l’impersonnel de la recherche scientifique au personnel des drames intimes. De sa relation à son frère, paraplégique depuis qu’il est tombé d’une fenêtre, elle fait le refrain auquel le récit ne cesse de revenir comme à son origine. Main d’homo sapiens modelée par ses outils, mains hors d’usage du frère paralysé, fourchette glissant des mains usées du maître paveur. À quoi travaille Ellie Ga ? À la fabrique d’une contre-Histoire : l’esprit de résistance aux prestiges du pouvoir, de la force et de la conquête y trouve refuge dans l’attention et la tendresse accordées à la faiblesse, à l’erreur et à l’oubli. Quoi de plus précieux ?"
(Cyril Neyrat - FIDMarseille)

"What should be done with the stones extracted from quarries? They can be used to erect massive monuments to power and glory, like the one Salazar erected along the Tagus River to celebrate the conquerors of the Portuguese Empire. Or they can be arranged horizontally in small black and white fragments to draw all kinds of shapes and figures. Ellie Ga puts this opposition at the heart of her film, and she clearly chooses her side: that of the pavement workers in Lisbon and their disappearing craft. Quarries forms a diptych with Gyres (FID 2020), it uses the same method: the screen is like a three-part light table, the artist’s hands and voice are her tools for a performance of choreographed thought. The movement of images that come, go, slide, are juxtaposed or superimposed, matches the pace of her speech. Everything is flattened, entrusted to the navigation of thought, or to a simple statement of facts expressed in a monotone voice – just like the hands calmly deal out the images, or Jorge, the pavement craftsman, organises black and white paving stones. While Gyres sailed on high seas, carried by ocean currents, Quarries focuses on men’s hands and men’s use of stones across the ages. Ellie Ga’s unique art becomes even clearer and more concise. More emotional as well, because of the way it links impersonal scientific research and personal drama. The director’s brother became a paraplegic when he fell from a window. She turns their relationship into the chorus of the film, like a starting point the story keeps coming back to. Homo sapiens hand sculpted by the tools, her brother’s disabled hand, the fork that falls from the master paver’s worn-out hands. What is Ellie Ga doing? She is creating a counter-History: the spirit of resistance to the glory of power, force and conquest is expressed in her care and tenderness for weakness, mistake and oversight. How precious is that?"
(Cyril Neyrat - FIDMarseille)

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