Barail

Documentaire
    Réalisé par Denis Cointe • Écrit par Denis Cointe
    France • 2022 • 52 minutes • 2K • Couleur
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

Au sein de la Maison d’Accueil Spécialisée Le Barail, un jardin offre désormais un paysage à ses habitants. Dans cet enclos protecteur, dans la lenteur, les parfums, les lumières, ils écoutent les bruits du monde. Ils sont avec leur corps comme un grand récepteur. Barail est une expérience sensible, en dehors du langage, une rencontre avec des femmes et des hommes éloignés des regards.

"En quelques plans, Denis Cointe nous introduit dans un jardin luxuriant plongé dans un épais silence, vite rompu par des notes tenues mêlées au chant des oiseaux. Comme une musique intérieure, ces sons accompagnent un long plan fixe qui expose une femme en fauteuil roulant, la main enveloppée dans un chiffon. Quand une voiture passe en trombe à l’arrière-plan, le bruit du moteur reconfigure en son direct ce qu’on entend. Nous reviennent alors les premières images qui campaient le décor et la présence de baffles disséminées dans le microcosme verdoyant. Elles constituent des points d’écoute de pièces sonores créées par des compositeurs contemporains (Alessandro Bossetti, Felix Blum…). Barail avance par plans fixes au cœur de ce jardin, découvrant un à un ses occupants aux lourds handicaps en situation d’écoute. La frontalité et la durée des plans transforment l’image en miroir, organisent un "corps à corps" avec nous, spectateurs, nous ramenant à l’extrême fragilité de ces résidents. Le vacarme assourdissant d’un avion brise à nouveau la quiétude de ce paysage sonore et visuel. Il signale la brutalité du monde extérieur et souligne en contrepoint la délicatesse de cet endroit protégé, où les occupants vivent en harmonie avec la nature et s’épanouissent parmi les fleurs. Happés par les mouvements de ces paysages sonores – dans l’un d’eux, pour exemple, le tintinnabule de cloches fait croire à la proximité dans le jardin d’un troupeau de chèvres –, nous guettons sur les visages le moindre signe de plaisir, de contentement ou de préférence. Ainsi, plus qu’à contempler, Barail nous invite à partager avec eux une écoute, à en faire l’expérience, établissant notre regard en façonnant notre oreille, appelant de notre part ce que le jardin et ses résidents requièrent : de l’attention. Un album photo nous plonge dans des souvenirs d’enfance. Barail, le nom de ce jardin d’Eden, est le refuge idéal d’existences vulnérables et hors langage, des plantes aux enfants que nous avons tous été."
(Claire Lasolle - FIDMarseille)

Within Le Barail, a specialized support home, a garden now offers a landscape to its inhabitants. In this protective enclosure, in the slowness, the fragrances, and the lights, they listen to the sounds of the world. Their bodies as great receptors. Barail is a sensitive experience, outside of language, an encounter with women and men distanced from the gaze.

"With a few shots, Denis Cointe introduces us to a luxurious garden plunged in deep silence, quickly interrupted by some fragile notes mixed in with the birdsongs. Like an interior music, these sounds accompany a long fixed shot showing us a woman in a wheelchair, her hand wrapped in a handkerchief. When a car rushes past in the background, the sound of the motor reconfigures what we hear. Suddenly we are reminded of the first shots, that showed us the setting and the loudspeakers scattered through the green microcosm. They enable us to listen to sound pieces created by contemporary composers (Alessandro Bossetti, Felix Blum…). Barail proceeds in fixed shots within this garden, showing us its inhabitants one by one : people with heavy handicaps, listening. The shots, with their frontal framing and extended running time, make the screen into a mirror, setting up a “face to face” with the audience and bringing us back to these residents’ extreme fragility. A plane’s deafning roar once again breaks up the soundscape and the landscape’s quiet. It signales the outside world’s brutality and underlines, as a counterpoint, the delicacy of this sheltered setting, whose occupants live in harmony with nature and blossom among the flowers. Captivated by movements within these sonic landscapes – in one of them, a jingle of bells suggests a flock of goats in the garden’s vicinity – we scan their faces for the slightest sign of pleasure, happinesse, or preference. Thus, rather than a simple contemplation, Barail asks us to share in to the listening with them, to experience it, to adjust our gaze by sharpening our ear, and calls for us what the garden and its inhabitants also require : our attention. A photo album plunges us back into childood memories. Barail, the name of this garden of Eden, is the ideal refuge for vulnerable existences exising outside of langage, from plants to the children we all were once."
(Claire Lasolle - FIDMarseille)

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