Bardiya, le prix du feu

Sous le soleil brumeux d’une jungle humide, un filet accompagne les ondes d’une eau scintillante. L’espoir des grâces de la rivière Karnali anime le labeur d’une pêche incertaine. Non loin de là, à l’ombre des branches et des regards, les griffes acérées d’un tigre s’activent sur l’écorce des canneliers. En ce matin d’avril, le sort est clément, et chacun repart sur ses terres. Mais face au regard du félin, le destin peut parfois se montrer plus amer. Et les habitants sont prêts à prendre ce risque. Après tout, ils connaissent cette jungle et ses occupants depuis des siècles. Mais la sécheresse qui accable la région amène les hommes et la nature à se rejoindre bien plus souvent sur les rives de la rivière sacrée…
Dans la réserve de Bardiya, au Népal, un nouvel espoir pour la biodiversité émerge : depuis 10 ans, la population de tigres du Bengale a doublé. Tant d’efforts de conservation sont ainsi récompensés, fruit d’un travail délicat afin d’instaurer un équilibre entre les espèces. Mais en 2019, un virus se répand sur la planète et le parc ferme ses portes. Au même moment, de plus en plus d’attaques de tigres inhabituelles sont recensées. Existe-t-il une corrélation entre ces deux évènements ? Déjà habitués aux défenses des éléphants ravageant les rizières et aux assauts des cornes de rhinocéros, les villageois font face à une menace nouvelle. Et tandis que la colère monte au sein des maisons endeuillées, les scientifiques et certains locaux se portent volontaires pour chercher des solutions afin d’apaiser les tensions et permettre une cohabitation avec le sauvage de façon pérenne.