Memory Games - Champions de la mémoire

Comme le fascinant maître-chanteur de la série Sherlock, incarné par Lars Mikkelsen, les quatre jeunes héros de ce documentaire ont construit pierre à pierre leur "palais de la mémoire" personnel : l'endroit de son cerveau, explique Yanjaa Wintersoul, où "on stocke des concepts abstraits dans des lieux concrets". Née en Mongolie et arrivée en Suède à l'âge de 5 ans, cette malicieuse punkette à fossettes, "championne de mémoire" dans ses deux pays, démontre qu'on peut s'être entraîné depuis son plus jeune âge à apprendre par cœur des nombres complexes (à un millier de chiffres) ou à mémoriser en trente secondes l'ordre d'un jeu de 52 cartes sans pour autant se couper du monde.
Avec les Allemands Simon Reinhard et Johannes Mallow, et l’Américain Nelson Dellis, elle a participé à Hongkong, en 2017, aux Championnats du monde de mémoire, fil rouge du film. Janet Tobias et Claude Wehlisch les ont suivis au fil des épreuves, mais aussi rencontrés et interviewés chez eux, pour dévoiler des ressources du cerveau humain encore insoupçonnées une quinzaine d'années plus tôt.
Dans les pas de ces passionnés, on découvre l'univers à part des compétitions mémotechniques internationales, avec ses figures, ses prouesses et ses techniques étonnantes – par exemple, la pratique d'associer à une lettre ou à un chiffre une image familière, pour pouvoir s'en souvenir, c'est-à-dire ouvrir le bon tiroir au bon moment. Mais on comprend aussi que ces exercices extraordinaires relèvent d'une nécessité commune. Face au déluge d'informations auquel nous sommes soumis quotidiennement, nous délaissons l'apprentissage par cœur, nous fiant à Internet pour pallier nos défaillances. Or, se résigner ainsi à l'oubli des visages, des noms, des faits, c'est renoncer à une part de notre conscience, résume avec simplicité Yanjaa, qui encourage chacun de nous à muscler sa mémoire. "Les gens se souviennent de ceux qui se souviennent d'eux."