Figure du Nouveau cinéma argentin, Lucrecia Martel naît à Salta dans le Nord-Ouest de l’Argentine. Passée par la Avellaneda Experimental (AVEX) et l’École Nationale d’expérimentation et de réalisation cinématographique (ENERC) de Buenos Aires, elle réalise une série de courts métrages documentaires et de fiction entre 1988 et 1994 dont le premier, d’ores et déjà très prometteur, Rey Muerto, un segment composant le long métrage Historias breves (1995). En 2001, son premier long métrage, La ciénaga, récit estival d’une famille qui s’enlise dans ses problèmes, reçoit de nombreux prix internationaux – dont un Ours d’Argent (ex Prix Alfred Bauer) à la Berlinale. Suit La niña santa (2004), qui relate l’indécision entre désir et foi d’une adolescente et est sélectionné en compétition au Festival de Cannes, de même qu’en 2008 le troublant La mujer sin cabeza, sur le désarroi d’une femme étouffée par le secret et le poids de la société. Son quatrième long métrage, Zama (2017), une exploration du colonialisme et du racisme en Amérique latine, a été présenté en première mondiale à la Mostra de Venise. En 2019, elle est également invitée en qualité de Présidente du Jury à la prestigieuse Mostra de Venise.

Après quelques courts et moyens métrages documentaires, Lucrecia Martel fait en 2021 une nouvelle incursion puissante dans le cinéma du réel avec Terminal Norte tourné durant la pandémie. Le film suit un groupe de femmes musiciennes trouvant refuge lors du confinement dans les forêts et paysages vibrants du Salta, région très conservatrice du pays d’où est également originaire la réalisatrice. La cinéaste livre un projet intimiste, sensoriel et engagé en immersion qui illustre avec force la symbiose entre ces artistes, leurs chants et récits, avec la nature luxuriante environnante. Ce projet préfigure son prochain long métrage, également documentaire, qui est prévu pour 2023.

Parallèlement à son œuvre cinématographique, Lucrecia Martel s’est intéressée à d’autres disciplines et langages artistiques. Elle a notamment collaboré avec Björk, pour qui elle a dirigé le concert Cornucopia (2019) dans la salle The Shed (New York), reconnu comme le spectacle le plus sophistiqué de l’artiste islandaise à ce jour, et a produit durant le confinement The Passage (2021), une œuvre immersive présentée au EYE Filmmuseum (Amsterdam). Son travail a été projeté dans les institutions artistiques et culturelles les plus prestigieuses à l’instar de Harvard, MoMA, Lincoln Center, Cambridge et Tate London. Elle a également proposé une série de masterclass sur le son et la narration.

(Source : Visions du Réel)


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