Jean-Pierre Thorn
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En Mai 68, le cinéaste Jean-Pierre Thorn s’engage artistiquement et personnellement dans la lutte ouvrière et syndicale avec son premier long métrage Oser lutter, oser vaincre au cœur de l’usine Renault Flins occupée. Établi ensuite huit ans comme ouvrier O.S. dans la métallurgie parisienne, il revient en 1979 avec un film rare, témoignage de son expérience ouvrière, Le Dos au mur.
En 1990, il signe son premier long métrage de fiction Je t'ai dans la peau à partir du journal intime d’une dirigeante syndicale féministe lyonnaise qui se donne la mort, après l’exclusion de ses responsabilités (sélectionné à la Berlinale et au Festival de Cannes puis sorti au cinéma au début des années 90).
Jean-Pierre Thorn découvre ensuite la révolte des enfants de ses compagnons d’usine, engagés dans la culture hip-hop. Il embrasse leur cause pour crier avec eux "J’existe !" à la face d’une société qui les relègue dans des ghettos urbains : Génération hip-hop ou le mouv’ des zup, Faire kiffer les anges (Prix Mitrani FIPA 97), On n’est pas des marques de vélo (sélection "Nuovi Territori" à la 60e Mostra de Venise), Allez Yallah ! et 93 la belle rebelle poursuivent ses combats.
Son dernier film L’Âcre Parfum des immortelles (2019) remonte le fil de sa vie pour retrouver les figures rebelles qui ont peuplé ses films : des ouvriers en lutte des années 70 jusqu’à leurs enfants du mouv’ hip-hop… et aujourd’hui les gilets jaunes d’un rond-point à Montabon (Sarthe). Ensemble, ils composent une fresque lumineuse qui prolonge et répond aux lettres de son amante disparue au lendemain de 68, et montrent combien la rage de Mai est plus que jamais vivante [...].
En 2023, il est lauréat du Prix Charles Brabant de la Scam.
(Source : Proarti & Scam. Notice biographique mise à jour en octobre 2023)
"Il y a une vingtaine d’années... il y avait un film d’ultra-gauche qui circulait. Et malgré l’affection qu’on portait à l’époque pour beaucoup de thèses politiques énoncées dans les films gauchistes, on trouvait en général ces films absolument imbuvables... sauf un ou deux, et sauf celui-là. Il s’appelait Oser lutter, oser vaincre... On se disait : là, ça bouge, ça existe, ça respire, on sent quelque chose, on sent quelqu’un. Et c’est petit à petit que le nom du responsable de ce film, Jean-Pierre Thorn, a fini par émerger, jusqu’à ce qu’il émerge carrément."
(Serge Daney, Microfilms, 1990)