Enchaînées

"À Hébron, dans la rue Shuhada, la façade d’une maison est contrôlée par l’armée israélienne, et l’arrière de cette même maison dépend de l’autorité palestinienne. Trois veuves y vivent avec leurs onze enfants. À l’entrée de la maison, il y a un poste de contrôle militaire. Sur le toit, l’armée israélienne a installé un point d’observation sur la ville d’Hébron, et ces trois femmes vivent-là, piégées au milieu d’une situation tendue. Aux difficultés de la vie quotidienne pour des femmes élevant seules leurs enfants, s’ajoutent l’absurdité de cette situation, la violence rentrée, l’incompréhension, le délabrement psychologique et moral. Entre elles, ces femmes remettent en question une culture qui les oblige à se marier trop jeunes.
"En tant que réalisatrices israéliennes, supportant mal les effets cumulés de l’oppression dans les Territoires occupés et dans notre propre société, nous avons voulu montrer l’arbitraire de l’occupation vu par les fenêtres de cette maison occupée, afin de pointer la mince frontière qui sépare un sourire d’un coup de fusil. L’intimité qui s’est développée entre nous et Najwa, Nawal et Siham pendant le tournage, qui a duré un an, nous permet de les présenter dans toute leur humanité de femmes bien réelles, loin de l’image stéréotypée des femmes Palestiniennes véhiculée par notre société."
(Anat Even et Ada Ushpiz)