A Bridge over Troubled Water

La filiale allemande d'Universal Music a déménagé d'Hamburg dans un ancien quartier de l'est berlinois. Différents protagonistes, acteurs de la boîte, du chef manager au postier en passant par une hôtesse d'accueil, un boysband et un représentant du comité d'entreprise, se présentent dans le huis clos de la nouvelle entreprise. Par le truchement de ces différents personnages, on découvre la hiérarchie de la représentation du travail, ainsi que les différents niveaux d'identification ambiguës à l'entreprise. Ensuite, dans une seconde partie, la relation intime à la musique de chacun des protagonistes s'associe au langage des techniques marketing d'identification et de ciblage ("profiling") utilisés dans une réunion promotionnelle. À la fin du film, on suit l'un des protagonistes après son licenciement, hors de l'entreprise. On découvre un espace privé en même temps que le contexte de l'ancien quartier de l'est berlinois. La multinationale Universal Music est ici montrée par le biais du portrait et du récit. Le biopouvoir de la musique, comme dirait Foucault, se découvre en filigrane et questionne différents rapports au temps, celui de la musique elle-même, mais aussi celui du travail. Inspiré par "La Vraie Vie dans les bureaux" de Jean-Louis Comolli, de "Coûte que coûte" de Claire Simon ou par les films de Wiseman, ce film est avant tout un film sur le travail