Le Business des fleurs

Une rose coupée dans les Andes en Equateur arrive à Rungis avec juste quelques heures de retard sur ses consoeurs françaises du Var. Avion contre camion, ce qui fait la différence, c'est la qualité du produit de départ. La course se poursuit sur la plupart des marchés qui fonctionnent désormais comme les Bourses de café ou de coton. On achète et on vend aux enchères descendantes, qu'il s'agisse du marché de Hyères ou de celui d'Aalsmeer, le géant de la profession, situé à côté d'Amsterdam. On peut également commander sur internet et surtout acheter à terme.
En France, la filière s'appuie sur une longue tradition mais des centaines d'horticulteurs ont jeté l'éponge et seuls ceux qui ont su trouver des niches originales survivent, comme dans le sud méditerranéen où l’on associe modernité technique, qualité des variétés ET proximité des échanges.
Dans les serres, on chauffe, on refroidit, on humidifie pour fournir le marché à toutes les époques de l'année. Les tiges s'épanouissent au soleil électrique de minuit pour fleurir aux temps forts. La fête des morts, celle des mères, la Saint Valentin. Des instituts de recherche, publics et privés, planchent sur la résistance en vase du bouquet, les couleurs des pétales, la tenue de la tige. Sur l'odeur aussi. Car la fleur moderne a, en grande partie, perdu le parfum qui embaumait les jardins de nos grands-mères.
Chaque année, naissent des centaines de variétés nouvelles dans les laboratoires des grands rosiéristes comme Meilland et Nirp. C'est à Meilland d'ailleurs que l'Europe doit l'idée de "royalties" pour rémunérer les inventeurs de fleurs. Depuis 1947, en effet, ne cultive plus qui veut. Seuls sont habilités à produire, les horticulteurs qui ont payé le droit d'exploiter les variétés mises sur le marché. Et les douanes du monde entier sont chargées de traquer la contrefaçon. Curieusement, la poésie de Ronsard n'est jamais très loin et le maître parisien du bouquet, Gilles Pothier, n'est pas le seul amoureux qui, dans ce documentaire, se laisse aller à nous conter fleurette…