Je déboule à Kaboul - Carnet de montage

Avril 2002, je déboule à Kaboul libérée du régime taliban depuis à peine six mois. Il y a un mois, j’avais croisé Florent dans une salle de montage à Paris. Il arrivait de Kaboul avec des images à monter. Il me parlait brièvement de l’ONG Aïna nouvellement créée pour le développement des médias indépendants. Il me racontait aussi son projet de documentaire avec des cameramen afghans, "Afghanistan année 1381, le premier film après les talibans !" Il lui fallut un monteur qui pouvait aussi former les Afghans au montage virtuel. J’accepte la mission avec une idée en tête : déborder le cadre du montage et de la formation et prendre les Américains de vitesse en essayant de convaincre les Afghans de monter une télé libre à Kaboul. Mais très vite, je suis dépassé par l’ampleur de la tâche. Dans ce pays interdit d’images depuis des années, et n’ayant connu que la guerre depuis plus de 25 ans, je comprends vite que je ne comprends rien aux images que je monte. Le jeune Ramine, traducteur et bientôt monteur, et l’ex moujahed caméraman Habib, m’apprennent à décrypter les images du film, à connaître les filles sous la burqa, et me proposent l’asile politique quand, le 21 avril 2002, on apprend qu’un leader d’extrême droite est passé au second tour des élections présidentielles en France... pendant qu’on expliquait la démocratie aux Afghans.