La Ville partagée

En fuyant les centres-villes normands devenus des objectifs militaires, les habitants des villes bombardées ne savaient pas s’ils pourraient y revenir un jour. Une fois les centres de Caen et du Havre réduits en amas de gravats, il faudrait bien des années, parfois plus de 15 ans, pour reconstruire ici des villes et redonner à chacun un toit. Mais l’ambition des urbanistes ne s’arrêtait pas là. Ils entendaient, avec le soutien de Paris et des élites locales transformer radicalement la ville et la diviser en espaces aux fonctions bien définies. D’errance en baraques, de taudis en HLM, construits à la hâte sur des hauteurs en périphérie, les sinistrés les plus modestes se virent progressivement exclus des centres modernes et de leurs anciens quartiers. La ville changeait, qu’adviendrait-il du projet politique, de l’âme de la cité ?