Carlos Saura - Son cinéma, sa vie

En cinquante ans de carrière, Carlos Saura n’a cessé d’explorer la société et la famille espagnoles, avant de réinventer le cinéma musical. Portrait.
Carlos Saura est l’un des artistes espagnols les plus prolifiques et les plus originaux. Réalisateur de trente-six films, il est aussi l’auteur de quatre romans, de volumes de photos, de mises en scène d’opéra, de théâtre... Fortement marqué par la guerre civile, il a traversé la dure période de l’après-guerre (la répression politique, la censure...) avant de devenir l’un des acteurs de la transition vers la démocratie. Pour la première fois, un documentaire retrace sa vie et son œuvre. Filmé chez lui et dans les endroits de Madrid qu’il préfère, Carlos Saura revient sur les grandes étapes de sa carrière. Ses propos sont accompagnés de nombreuses archives, d’extraits de films et de témoignages – notamment celui de Géraldine Chaplin qui partagea sa vie et joua dans plusieurs de ses films.
Une vie espagnole
On peut dire que le cinéma de Carlos Saura s’organise autour de quatre grands centres d’intérêt : l’Espagne éternelle à la limite de la marginalité
(Los golfos, Vivre vite...) ; la famille et les rapports de pouvoir (La caza, Le jardin des délices...) ; la musique (Carmen, L’amour sorcier, Tango...) ; l’histoire de l’Espagne ou de grandes personnalités (Les bandits, Goya à Bordeaux, Buñuel à la table du roi Salomón...). Chaque fois, les films semblent coller à l’atmosphère de leur époque. Dans Le jardin des
délices (970), un industriel est frappé d’amnésie à la suite d’un accident d’automobile. Sa famille
s’acharne à lui faire retrouver la mémoire car lui seul connaît le numéro d’un compte bancaire suisse. Mais l’infirme s’enferme dans son nouvel univers… Non moins fort et évocateur d’un monde clos, Regard d’une enfance (1975) dans lequel des fillettes portent un regard sans indulgence sur les adultes. Après la mort de Franco, le cinéaste quitte cette inspiration morbide pour des films plus chaleureux comme Maman a cent ans ou Vivre vite. Puis vient Noces de sang (1981), réalisé avec Antonio Gadès, premier d’une série de films musicaux qui font date dans
l’histoire du cinéma espagnol. Carlos Saura bouleverse les canons narratifs cinématographiques pour proposer de nouvelles expériences visuelles, auditives et affectives...