Les Forçats de la terre

On les appelle les “sans-terre” : quatre millions d’ouvriers agricoles condamnés à l’errance, dont des milliers sont exploités dans les fazendas (grandes propriétés du Brésil). Un esclavage moderne sur lequel certains ont tenté d’attirer l’attention, notamment la Commission pastorale de la terre, créée par les dominicains et les syndicats de travailleurs. Leur campagne a été relayée dans le monde entier par les organisations de défense des droits de l’homme. En mars 2003, peu après son élection, le président Lula lance officiellement un plan d’éradication de l’esclavage. En quelques mois, près de 10 000 personnes sont libérées – plus qu’au cours des huit années précédentes, pendant lesquelles les perquisitions “surprises” organisées par les inspecteurs du ministère du Travail restaient souvent sans suite. Aujourd’hui, les télévisions brésiliennes diffusent des messages de prévention, et cinquante sociétés épinglées pour travail forcé sont dans le collimateur de la justice. Mais la partie est loin d’être gagnée : les “sans-terre” attendent toujours l’application de la loi sur la redistribution des surfaces non cultivées ; les sanctions décidées par les tribunaux restent souvent lettre morte ; les évasions et les remises de peine sont monnaie courante ; la corruption est toujours de mise ; et les patrons esclavagistes restent impunis