Femmes en majesté - Christian Lacroix

Lacroix parle de Lacroix, et il le fait bien. En quelques traits, on comprend les grandes influences de celui qui a remis la haute couture à l’honneur dans les années 1980. De son enfance à Arles, il garde le souvenir des arènes, de “l’allure majestueuse” des femmes qui assistaient à la corrida, des couleurs qui éclataient pour l’occasion. Il conserve aussi l’image des gitanes, dont les formes se retrouvent aujourd’hui sous son crayon et qui incarnent à ses yeux la sensualité absolue. On comprend alors pourquoi Lacroix est l’homme du retour au corset. Cet accessoire qui façonne la silhouette des femmes, comprime la taille et cambre le buste, avait disparu depuis 1914. Christian Lacroix en fait une base de son art. Avec le corset, les femmes "se sentent souveraines, mises en majesté", dit-il. Autre source d’inspiration, qui remonte là encore à l’enfance et à l’adolescence : les pin-up. Si le monde change, les formes demeurent, avec des seins hauts, une petite taille, des hanches rondes. Puis Christian Lacroix se prête au jeu des futures tendances. D’après lui, nous entrons dans l’ère du "regendering" : "Les hommes redeviennent des hommes, les femmes redeviennent des femmes, traduit-il. Elles vont aller vers une sensualité exacerbée, retrouvant leurs courbes séculaires", pendant que les hommes adopteront un style plus anguleux. "Je pense que dessous, un jour ou l’autre, on aura forcément le retour d’une guêpière.