La Ciguatéra, la maladie qui gratte

Le phénomène existe depuis toujours, relaté dans le journal de bord de Vasco de Gama, Magellan, Cook, Christophe Colomb... Des hommes intoxiqués, des équipages décimés, victimes d'un curieux empoisonnement. C'est seulement à la fin du XXe siècle, grâce au Docteur Raymond Bagnis, que le problème va être élucidé avec la découverte d'une micro algue qui pousse sur le corail mort : la Gambierdiscus Toxicus. Le plus puissant des poisons de la mer donne ce que l'on appelle la ciguatéra – la gratte en Nouvelle-Calédonie. Elle sévit dans toutes les îles coralliennes de la planète, aux Caraïbes, dans l'océan Indien, dans le Pacifique. Chaque année, 50 000 personnes en sont victimes : intoxications, cirrhoses, cancers, et parfois la mort. On ne peut pas guérir de la ciguatéra : les toxines restent fixées pour une durée indéterminée, et chaque rechute est de plus en plus grave. En Nouvelle-Calédonie, le problème est omniprésent : dans la seule agglomération de Nouméa, une personne sur quatre en a été atteinte au moins une fois. Côté médecine allopathique, on n'a pas grand-chose à proposer : dans les formes sévères, la seule chose à faire est de perfuser pour soigner les symptômes. Les Mélanésiens, eux, utilisent une centaine de plantes prescrites par des guérisseurs. Plus efficaces dans la durée, semble-t-il, que les traitements occidentaux. Dominique Laurent, chercheur à l'IRD à Nouméa, travaille sur la mise au point d'une tisane à base de plantes kanak