Le Voyage à Vézelay

Titre anglais : The Journey to Vezelay
Documentaire
    Réalisé par Pierre Creton • Écrit par Marie Le Pallec, Pierre Creton
    France • 2006 • 30 minutes • DV Cam • Couleur
Résumé

En avril 2005, peu après la mort de son père, Pierre Creton se rend à Vézelay, où est enterré Georges Bataille. Il est accompagné par ses amis Marie Le Pallec et Bénaïd Mostefaï. L’escorte également, tout au long du voyage, la voix le plus souvent off de la comédienne Françoise Lebrun, laquelle fait ici office de narratrice décrivant ce qui arrive et s’adressant à ses personnages ( "Vous..."), mais aussi d’hôtelière philosophe. À quoi sert cette voix ? À changer en récit ou en nouvelle ce qui n’est que simple excursion, pèlerinage au mieux ? À amortir l’embarras d’une entreprise accomplie dans le deuil d’un père avec qui le cinéaste avait à peu près cessé tout rapport ? Sans doute. Disons plutôt que l’invitation faite à Françoise sert à rendre manifestes une ambivalence et une incongruité qui sont déjà là ; non sans ironie ou malice, la narratrice redouble, dédouble par ses mots un voyage qui a lui-même beaucoup à voir avec le double, la hantise : quelques images filmées par Pierre Creton de son père mort ; un cadavre de chien ramassé, puis abandonné sur la route ; la rencontre avec un prêtre étrangement disert, et peut-être faux ; enfin une nuit passée à la belle étoile, enroulé dans un drap blanc, drôle de linceul.

"Afin de nous rendre la vie et la mort plus faciles, je demande à mon père s’il me sera possible de filmer son enterrement. Mon père me suggère, comme image de son vivant, de prendre les photographies des Tours de France qu’il avait courus. Il meurt lors des dernières étapes du Tour de l’été 2002. J’envisage à mon tour de prendre la route et de me rendre de sa tombe à celle de Georges Bataille, dont les écrits sur l’outrance du désir et de la mort m’avaient accompagnés jusque-là. […] Le Voyage à Vézelay, c’est l’invention d’une nouvelle famille : Françoise, Marie, Bénaïd et moi. Une communauté de ceux qui n’ont pas de communauté, comme l’écrivait Bataille"
(Pierre Creton, Cultiver, habiter, filmer, conversations de Pierre Creton avec Cyril Neyrat, éditions Independencia, 2010)

In April 2005, shortly after the death of his father, Pierre Creton visits Vézelay, where Georges Bataille is buried. His friends Marie Le Pallec and Bénaïd Mostefaï accompany him. The voice of actress Françoise Lebrun – off most often – escorts them as well throughout the entire journey. She plays the role of narrator, describing what happens and addressing her characters (“You there...” ), and doubles as hotel philosopher. What is the purpose of this voice? To make this simple excursion, a pilgrimage at best, into a tale or a novel? To absorb the embarrassment of an enterprise accomplished in the wake of the death of a father with whom the filmmaker had virtually no contact? No doubt. Let’s just say that the presence of Françoise serves to highlight the already existing ambivalence and incongruity; not without irony or malice, her narration redoubles and in her words, a voyage unfolds that has much to do with doubles, obsessively so: images shot by Pierre Creton of his dead father; a dog’s corpse is picked up, then abandoned alongside the road; a meeting with a strangely talkative priest, possibly a fake; finally, a night spent under the stars wrapped in a white sheet, a curious sort of shroud.

"In an effort of making life and death easier for us, I asked my father if it would be all right for me to film his funeral. My father suggests, for images of him alive, to use the photographs of the Tour de France races he participated in. He passed away during the last stages of the Tour de France in the summer of 2002. I contemplate taking to the road and going from his grave to the grave of Georges Bataille, whose writings about the excessiveness of desire and death accompanied me at that time. I asked my friends Marie Le Pallec and Bénaïd Mostefaï to join me on this journey to Vézelay. I asked this last thing of my father: that he somehow participate in one of my films. I bought a camera to film his funeral, my first camera. Somewhat shaken, I ended up with images from the hospital and the morgue, and we started to write based on these relic images. Le Voyage à Vézelay, that’s the invention of a new family: Françoise, Marie, Bénaïd, and me. A community of those who don’t have a community, to quote Bataille. I edited the film here, at Jean’s house, with Michel Bertrou, a friend who is also a veterinarian and takes care of my animals. All subsequent films will be edited here, in this house."
(Pierre Creton)

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