Tjukurrpa, le temps des rêves

Après deux siècles de drame colonial, les aborigènes d’Australie prennent leur destin en main. L’"Aboriginal Land Rights" acte une prise de conscience politique, entamée dans les années soixante. Aujourd’hui, les populations indigènes revendiquent le droit à la propriété de leurs terres ancestrales. La création des parcs naturels, leur gestion associée entre institution gouvernementale et clans aborigènes suscite l’essor d’une économie touristique très rentable. L’art primitif entretient la fascination du monde moderne à l’égard d’une culture originelle, en voie de réhabilitation. Le tourisme indigène construit le terrain de la rencontre et de l’échange entre les deux civilisations australiennes : l’une cherche à oublier son ignorance et sa cruauté passée, l’autre tente de préserver son existence au présent, d’anticiper sa survivance culturelle à venir. L’isolement et la dissémination géographiques des communautés indigènes, le passif colonial, les différences culturelles des deux peuples entretiennent toujours l’inégalité sociale. Au XXIe siècle, la durée de vie d’un australien blanc dépasse de dix ans celle d’un indigène. Pourtant, l’évolution législative et politique et l’engouement culturel des jeunes générations sont bien réels. Ils annoncent les prémices d’une conscience collective, l’espérance commune d’un avenir meilleur. Sur le chemin de la réconciliation, l’équilibre entre tradition et modernité est fragile