L'Alhambra de Grenade

L'Alhambra, Al-Hamra, sur les premiers contreforts de la Sierra Nevada, à Grenade, en Andalousie, au sud de l'Espagne... Après 7 siècles de pouvoir islamique en Espagne, l'Alhambra et le dernier bastion arabe à tomber aux mains des rois catholiques en 1492. Les palais nasrides (les palais de l’Alhambra) seront cependant gardés quasiment intacts par les vainqueurs. À l’Alhambra, l'architecte, le jardinier et le décorateur ne font qu'un. Et puis il y a tous ces artisans qui ornementent. Ensemble ils organisent les perspectives, les élévations, les volumes.
On a recours à la géométrie, aux mathématiques mais aussi à l'improvisation dû au maniement virtuose de l'équerre et du compas. On cultive l'art des proportions, des volumes, des creux et des pleins. Tout l'édifice est une confrontation de pleins et de vides, de compressions et de dilatations qui participent progressivement à la mise en scène du pouvoir.
C'est un livre ouvert : l'édifice entier exalte sa propre gloire éphémère. Truffés d'allusions astronomiques, d'odes à Alha et au sultan, les poèmes de l'Alhambra gravés dans le stuc jouent des métaphores cosmiques et finalement célèbrent l'architecture elle-même. "Celui qui viendra à moi assoiffé je le conduirai dans un endroit où l'eau est claire, fraîche et douce."
Les sultans nasrides , hantés par la disparition inéluctable de leur dynastie font de leur palais une sorte d'Eden perdu, dédié à la poésie et à la beauté... Aujourd’hui l’industrie culturelle s'en ait emparée, pour en faire l'un de ses fleurons. L'Alhambra secret et mystérieux est chaque jour piétinée par 8 000 visiteurs. Les salles et patios ont été abandonnés depuis plus de 5 siècles par les rois Nasrides et leur cour. Chacun peut aujourd'hui les investir et en faire ce qu'il en veut, il n'y a plus rien à voir, si ce n'est, sans aucun doute, l'architecture elle-même.