Rendez-vous à Tirana

Le début des années 90 a été marqué par une révolution technique : avec les formats Hi 8 et super VHS, la qualité des standards de la vidéo amateur s'améliorent, au point de surpasser le format Umatic naguère utilisé en télévision. Le "cinéma" devient donc accessible à de nouveaux talents sans grandes ressources financières, tout au moins au niveau du tournage.
Il ne faut jamais oublier, en effet, que pour la finition, les coûts rattrapent rapidement les niveaux professionnels et que le résultat final n'est pas forcément moins onéreux. Mais des jeunes réalisateurs peuvent faire leurs preuves et au moins proposer une matière brute. Les avantages de la vidéo ultra-légère résident aussi dans l'instauration d'un rapport plus discret et plus intime entre filmeurs et filmés.
Rendez-vous à Tirana met en œuvre une écriture nouvelle, en des lieux et circonstances où jamais des équipes lourdes n'auraient été tolérées. Liria Begeja accompagne son père Jusuf, qui retourne en Albanie après 50 ans d'exil. À la fin de la guerre, le régime communiste albanais s'était coupé du reste du monde et Jusuf était resté presque sans nouvelles de sa famille. Autorisé à "rentrer", à 80 ans, il retourne à Tirana et enquête sur les circonstances troubles de la mort de son père, ex-maire de la ville, opposant d'Enver Hodja.