La Vie après la mort

Titre anglais : Life After Death
Documentaire
    Réalisé par Pierre Creton • Écrit par Pierre Creton
    France • 2002 • 23 minutes • Hi 8 • Couleur
  • N° ISAN :
    non renseigné
Résumé

Pierre Creton se met en scène, lui et ses proches, au service d’un ami qui a disparu et dont chaque apparition à l’écran le ressuscite un peu plus. Lectures cacophoniques, dialogue en off sur des images de flux et de reflux de la mer, lyrisme de la musique, émotion de la voix nue, pirouette finale : le film construit un monde entre deux eaux où les matières se confrontent, nous offrant une image à la fois drôle et émouvante d’un vieux monsieur qui se trouve "beau gosse" après s’être fait couper les cheveux par le cinéaste.

"J’avais littéralement organisé ma rencontre avec Jean Lambert. Dès que j’ai connu cet homme, je me mettais à redouter sa mort, n’avait-il pas tenté de m’en prévenir : "Choisir un ami si vieux". En son absence, l’idée de sa disparition me revenait ; déjà vivant il me manquait. La nuit nous écoutions des javas jusqu’à ce que la peur se dissipe. Nous avons en tout cas bien ri devant la caméra toute seule, bêtement en train de nous filmer. Peut-être que la solitude était la chose que nous avions à partager, risiblement."
(Pierre Creton)

"La rencontre avec Jean Lambert a lieu un an après mon arrivée à Bénouville, en 1992. […] Avant notre rencontre, je connaissais sa maison, sa ferme, je me demandais qui pouvait vivre dans un tel désordre, un tel abandon. J’ai beaucoup rôdé autour, avant de l’aborder, ça a duré des mois. Le jour où je me suis décidé, prétextant d’acheter du lait, je suis venu de Bénouville à vélo, avec mes deux bouteilles vides. Sur la route, les gendarmes m’ont arrêté, me demandant où j’allais. Quel hasard ! Alors que j’avais déjà le sentiment de faire quelque chose de louche : avoir rôdé et fantasmé sur ce lieu et cet homme que je ne connaissais même pas… Jean Lambert m’a servi du lait en me disant qu’il y avait quand même des fermes plus proches de chez moi. L’étape la plus difficile était franchie. […] J’allais dîner chez lui, un soir par semaine. J’arrivais vers dix-neuf heures et repartais vers deux, trois heures du matin, toujours à vélo, souvent saoul. […] Je lui propose alors que nous fassions un film. Cela l’amuse, bien qu’il soit méfiant envers le cinéma. “Vous perdez votre temps, il n’y a que la poésie qui soit bien.” Il meurt, en avril, l’année de l’éclipse. […] J’ai terminé le film commencé avec lui, sans lui."
(Pierre Creton, Cultiver, habiter, filmer, conversations de Pierre Creton avec Cyril Neyrat, éditions Independencia, 2010)

"Before I met Jean Lambert, I used to see his house, his farm, and I wondered how anybody could live in such a mess, on such a neglected property. The day I decided to approach him, under the excuse of buying milk, I came from Bénouville on my bike, with two empty bottles. Jean Lambert gave me milk and pointed out that there were other farms closer to where I lived. I went back once a week to buy milk. At some point, I crossed the threshold and a ritual started: I would have dinner at his place, once a week. I would arrive around 7 p.m. and I would leave around 2 or 3 in the morning, always on my bike, often drunk. We would eat – the fish that he fished – and listen to music (Jacques Brel, Oum Kalsoum ...) on his vinyl records, that was his disco for which he would buy records at garage sales. At some point, I proposed that we make a film. He found that to be a fun idea, even though he is distrustful about cinema. “You are wasting your time, poetry is the only thing that is good.” However, he passed away, in April, the year of the eclipse. A friend and I bought Jean’s house from his daughters who hadn’t seen him in twenty years. I finished the film with him, without him."
(Pierre Creton)

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