Le Douanier Rousseau - Jungles dans la ville ou le voyage imaginaire

Un fauve, un singe, des flamants roses, une autruche... Les percusions africaines retentissent ! Vous n'êtes pas en Afrique pourtant. Au Mexique, en Inde peut-être ? Non, vous venez d'arriver dans un tableau du Douanier Rousseau, en plein cœur de son imaginaire, à Paris exactement, la ville qu'il choisit pour ses paysages exotiques.
Si son exact contemporain, Paul Gauguin, a décidé, lui, de s'exiler à Tahiti, Rousseau trouve son inspiration au Jardin des Plantes, au Muséum d'Histoire naturelle ou au Jardin d'Acclimatation : dans ses rêves aussi bien sûr, dans ses rêves, le peintre ne cesse pas de voyager.
Le film nous emmène donc au cœur de ce voyage, un voyage dangereux où le jaguar attaque le cheval et le lion affamé se jette sur l'Antilope, un voyage poétique où des singes, facétieux substituts des humains, jouent dans des arbres foisonnants, couverts de fruits singuliers, un voyage érotique même, peuplé de figures fantastiques alanguies, de charmeuses de serpents...
Ce n'est pas la forêt vierge en tant que jardin botanique ou zoologique qu'il peint, mais la forêt vierge avec ses épouvantes et ses beautés, dont nous rêvons enfants. C'est la forêt vierge en tant qu'aventure fantastique" a pu dire un critique.
Là où, dans les jungles, l'étrange prend l'apparence du familier, ailleurs c'est le familier qui devient étrange. Un art du détournement qui fait de Rousseau un peintre inclassable, libre qui ne cesse de poser des questions auxquelles nous ne pouvons apporter qu'une série de solutions imaginaires.
Une chose est sûre. Dès le début, Rousseau subit les sarcasmes des critiques, qui vilipendent son manque de technique et la naïveté de ses exécutions. C'est l'avant-garde littéraire et artistique qui rendra hommage à son originalité formelle et poétique.
Célébré par Alfred Jarry, Apollinaire, Picasso, Delaunay et Kandinsky, le Douanier Rousseau apparaît comme une des figures de proue de l'art du XXe siècle.