Journal

Jean-Luc Lagarce, metteur en scène de théâtre français, enregistre son univers intime depuis deux ans à l'aide d'une caméra 8 mm. Comment parler de soi, et de l'autre très proche, avec la caméra troisième œil, omniprésente, partiale, indiscrète et publique, étrangère et complice. Qu'est-ce que l'intimité ? Quel est le rapport possible entre la TV et l'intime ?

"De juin 1988 à août 1990, ce journal intime vidéographique résume en notes télégraphiques deux années de la vie de son auteur, l'écrivain et metteur en scène de théâtre Jean-Luc Lagarce (1957-1995). Maturité, reconnaissance, désirs, voyages se cristallisent soudain autour du sida et d'une mort annoncée. "J'ai eu 33 ans, hip, hop, ça n'a pas traîné."
Entre espaces intime et public, bande son et images souvent décalées, et les mots qui, sans cesse, défilent à l'écran, les faits sont rapportés, tels quels, sans complaisance, suffisants pour susciter l'intérêt et l'émotion. Parfois un qualificatif déjoue l'écueil de la répétition et rappelle que chaque moment de vie est précieux et singulier. Ainsi des multiples rencontres nocturnes : "Christophe, qui apprend le chinois" ou "Nuit très violente avec un type de Hambourg". Paris, Berlin, Besançon, lectures, amitiés, famille, événements politiques, expositions, refus d'un manuscrit, répétitions, carte postale reçue ou envoyée, ennuis d'argent, succès d'une mise en scène, douleur de l'amour, entrée dans le protocole de l'AZT, inquiétude des amis, valium..."
(Marie Dunglas)