Isabelle Huppert - Tous les regards du monde

De toutes les actrices contemporaines, Isabelle Huppert est celle qui fait preuve de la plus grande audace dans ses choix, porte ses pas là où les autres ne vont pas. Sa force de caractère l’oriente toujours vers les pentes les plus risquées, quelquefois les plus insensées avec une manière très particulière d’endosser ses personnages, à même la peau, avant de les proposer au spectateur. Si, depuis plus de 30 ans, Isabelle Huppert collectionne autant de rencontres avec les plus grands metteurs en scène (Pialat, Godard, Cimino, Chabrol, Haneke, etc.) c’est que tous à leur manière ont été attirés par ce secret, et qu’ils lui ont proposé des rôles avec le désir de pénétrer le mystère. Mais le grand art d’Isabelle, c’est de réussir à nous convier au plus près d’elle, tout en maintenant la distance. Ce qui l’intéresse, c’est l’exploration de l’extrême, aborder des terres inconnues, faire émerger à chaque fois que le personnage le lui permet quelque chose de nouveau.
Pour approcher cette façon de vivre le métier de comédienne, Anne Andreu est allée filmer Isabelle Huppert au travail : au théâtre à Marseille, pour la reprise d’une mise en scène de Bob Wilson ; au Cambodge où l’actrice tourne Un barrage contre le Pacifique avec Rithy Panh ; puis à Paris au théâtre, où elle joue Le Dieu du carnage de Yasmina Reza, et lors d’une séance photo avec Ferdinando Scianna. Autant d’expériences différentes, qui sont pour l’actrice autant d’occasions de se confronter à de nouveaux regards.
Au travers d’images d’archives et d’extraits de films, le documentaire nous permet aussi de revoir Isabelle Huppert dans ses rôles les plus marquants, de La Dentellière à Nue propriété, en passant par ses nombreuses collaborations avec Chabrol (Violette Nozière, Une affaire de femme, La Cérémonie) ou encore La Pianiste de Michael Haneke.
Après plus de 60 films, c’est avec toujours la même avidité qu’elle aborde chaque nouveau rôle, en quête permanente d’une "jouissance d’actrice" jamais assouvie.