Autofiction(s)

"Je me peindrai lâche et vil quand je l’ai été, et sublime quand il m’est arrivé de l’être.” En publiant ses Confessions, Jean-Jacques Rousseau ouvre la voie à un genre qui ne fera que s’amplifier au cours des siècles suivants : l’autofiction. Ce documentaire remonte aux origines de cette forme littéraire, en interviewant l’inventeur du terme, l’écrivain Serge Doubrovsky. Au cours d’un passionnant entretien, qui forme la trame du film, celui-ci raconte le difficile rapport de l’auteur à ses proches. Avide de consigner sa vie par écrit autant pour en oublier certains aspects que pour en immortaliser d’autres, celui-ci doit composer avec une famille, des amours passées, pas toujours heureuses de servir de matière à un roman, voire à un règlement de comptes. Serge Doubrovsky confie ainsi n’avoir pas pu publier "Fils" du vivant de sa mère. Nancy Huston, pour sa part, refuse de verser dans le récit autobiographique mais explique le rôle de censeur qu’incarnent pour l’écrivain ses parents et ses enfants, “des instances du surmoi” devant lesquelles “nous avons besoin de nous sentir vertueux”. Ainsi, la mère d’Elfriede Jelinek a ressenti la publication de La pianiste comme un matricide. “Régulièrement des femmes me remercient d’avoir ainsi tué ma mère : ça leur évite de tuer la leur”, confie, pince-sans-rire, l’écrivain. Composé aussi d’extraits d’émissions télévisées et radiophoniques, d’interviews d’exégètes et d’extraits de films, le documentaire revient sur le rapport à l’autobiographie d’écrivains comme Georges Perec, Marguerite Duras et Hervé Guibert