Danse et Extase : VSPRS, d'Alain Platel

VSPRS. Les cinq consonnes du mot allemand vespers. Le chorégraphe gantois s'est inspiré des Vêpres de la Vierge de Monteverdi pour élaborer ce spectacle, créé à Paris, puis joué au Festival d'Avignon en 2006. Tout en exaltant la dimension mystique de cette oeuvre, le premier morceau classique qu'il ait entendu, Alain Platel l'a inscrite dans une modernité désenchantée où extases religieuse et charnelle ne font qu'un. Sur scène, un amoncellement de sous-vêtements blancs dessine un décor glacé, un iceberg que les danseurs peuvent escalader ou dévaler. Tandis qu'un ensemble de musique baroque joue les premières mesures des Vêpres de la Vierge, une voix cristalline de soprano s'élève. La scène se peuple progressivement de personnages multicolores au langage corporel virtuose, précis comme un scalpel. Découpée et réorchestrée avec l'aide de Fabrizio Cassol, Wim Becu et Cha Limberger, la partition de Monteverdi est traversée d'influences jazz ou tziganes. Douleur, orgasme et recueillement Pour la chorégraphie de VSPRS, Alain Platel s'est inspiré de danses rituelles africaines et de pellicules tournées par le docteur Arthur Van Gehuchten à partir de 1905 avec des psychotiques, mais aussi de postures de saints en adoration. Il en résulte une transe sublime et épuisante qui oscille entre douleur, orgasme et recueillement. Comme les précédents, ce spectacle d'Alain Platel est l'aboutissement d'un long processus créatif avec ses danseurs, onze fortes personnalités de tous âges et de différentes cultures. Au cours de l'été 2006, la réalisatrice Sophie Fiennes a accompagné toute la troupe au Festival d'Avignon. Des entretiens sur l'extase religieuse, la folie pathologique ou la griserie créent une étonnante proximité entre le chorégraphe et la documentariste, qui livre ici une exploration filmique de l'exaltation.