Un pied dans le jardin de miel

Dans le cadre du festival Europalia Europa 2007-2008, le CIVA, en partenariat avec une firme de grande distribution, organisait dans le musée de l’école d’architecture de La Cambre une exposition intitulée "Supermarché d’Europe 1957-2007".
Ici, de sponsor, la firme est devenue partenaire de l’institution publique mais aussi, aboutissement ultime de la colonisation du secteur culturel public par le privé sujet même de l’exposition !
La "marque" ne se suffit plus de la promotion publicitaire, elle se doit désormais sujet agissant de l'histoire et héroïne, pleinement légitimée par le champ académique. Le client devient récepteur culturel, invité à apprécier la juste valeur de la marque.
L’approche architecturale du phénomène de la grande distribution proposée par l'exposition est prétexte à une audacieuse esthétisation d'un vecteur de transformations sociales profondes, expurgé et absous de ses conséquences urbanistiques économiques et sociales multiples.
Entre volonté de ne pas voir et cynisme, les responsables culturels et politiques offrent un cas d'école de collaboration, sans la moindre velléité de résistance à la stratégie de colonisation de l’espace culturel public par une entreprise prosaïquement capitaliste.
Dans ce contexte, guides et professeurs parachèvent le dispositif propagandiste réalisé par l'exposition : marquer et fidéliser les client spectateurs dès le plus jeune âge.