La Fin d'un rêve colombien

Bogota, le 9 avril 1948 : Malgré de fortes tensions sociales, la capitale colombienne accueille la 9e Conférence Pan-Américaine. La presse internationale vient de rencontrer le Secrétaire d’État américain George Marshall qui semble s’étonner de l’immense popularité dont jouit Jorge Elicier Gaitan, leader de l’opposition et farouche opposant de l’oligarchie colombienne ; ses thèses menacent très sérieusement les intérêts stratégiques des USA dans la région.
Vers 13 heures de l’après-midi, alors que le leader populaire quitte son bureau, trois balles tirées à bout portant heurtent son corps ; sa vie s’éteindra quelques heures plus tard, comme les espoirs d’une vie meilleure des Colombiens les plus démunies. Mais ceux qui ont éliminé "la menace" iront plus loin : ils manipulent la foule et font lyncher sur le champ l’homme de paille qui a tiré les coups de feu. Son corps sera traîné jusqu’au palais présidentiel, comme si la foule savait parfaitement où se trouvaient les véritables commanditaires de cet assassinat.
Les supporteurs de Gaitan se déchaînent pendant 48 heures, laissant le centre de la ville en ruines ; près de 5.000 personnes trouveront la mort dans cette confrontation sans merci avec les forces de l’ordre. Les survivants se retirent dans les montagnes. Ces rebelles seront les premières forces de ce que deviendra la guérilla. Mais, jusqu’à ce jour, aucune investigation sérieuse n’a été menée pour élucider cet assassinat. Toute tentative a conduit au contraire à l’occulter davantage.
Plus de 50 ans de guerre civile devaient suivre, et jusqu’à ce jour, personne n’a encore trouvé la manière de panser efficacement cette blessure profonde dans l’inconscient collectif de la Colombie.