Luttes en Italie

Titre original : Lotte in Italia
Documentaire
    Réalisé par Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin • Écrit par Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Gorin
    Italie, France • 1969 • 76 minutes • 16 mm • Couleur
  • N° ISAN :
    ISAN 0000-0001-5F5B-0000-1-0000-0000-Y
Résumé

La chaîne italienne RAI, productrice de Luttes en Italie, escomptait un reportage en forme d’essai sur la situation politique italienne de 1969. Ce qu’elle a obtenu a été tout autre : un film qui se donnait comme l’adaptation d’un texte de Louis Althusser au sujet de la version marxiste de l’idéologie. Un film, donc, qui interrogeait rien moins que la capacité et les limites d’un cinéma purement théorique.
Tourné en douze jours dans l’appartement parisien de Godard, plus quatre jours supplémentaires en Italie passés à glaner quelques plans de la vie quotidienne prévus en amont, le film fait jouer quelques amis italiens en guise d’acteurs, ainsi qu’un jeune homme qui travaillait à la pizzeria du coin. Luttes en Italie peut s’apparenter à un jeu de société conceptuel ou encore à un morceau abstrait de musique de chambre, dans lequel les images stylisées du quotidien de l’héroïne participeraient d’un refrain constamment reconduit.
Le cadre précis et mesuré, l’utilisation répétée de l’écran noir et la primauté de la bande-son sont là pour attester d’une utilisation provocatrice du média télévisuel (producteur du film) par les cinéastes et de leur pleine conscience de ce qui précèdera et suivra leur film lors de sa diffusion sur le petit écran.
Cette stratégie de rupture n’a été appréciée que modérément par la RAI qui a envoyé le film aux oubliettes.

The producer of this film, the Italian Television (RAI), was expecting a reportage/essay on the Italian political situation circa 1969. It got something else entirely: a film that presented itself as an adaptation of a text of Louis Althusser on the Marxist notion of ideology and thus tested the possibility and the limits of a purely theoretical cinema.
Shot in twelve days in Godard’s Parisian apartment with an additional four days spent in Italy to gather a few pre-planned shots of Italian daily life, the film used as actors a few Italian friends (and a young man who worked in the pizza parlor next door). It is a theoretical chamber music piece or a theoretical parlor game where the stylized images of its heroine daily life are involved in a roundelay of constant re-use and re-interpretation.
The careful, measured framing, the repetitive use of black screen, and the primacy of the soundtrack are there to attest how the filmmakers are dealing provocatively with the medium, television, that produces their piece and how conscious they are of what will precede and what will follow their work on the small screen.
As it turns out, this strategy of disruption of the visual chain was moderately appreciated at the RAI and those who produced it shelved the film.

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