Jesulin de Ubrique

Jesulin de Ubrique, torero de 22 ans, a battu tous les records : nombre de corridas toréées en un jour, en une année, nombre de trophées obtenus en une saison. Enfant prodige de la tauromachie, sa personnalité est bien différente de celle d’El Cordobes, le marginal, le révolté, phénomène social des années 60, auquel Hervé Pernot le compare. Mélange de sang-froid, de folie, de pondération et d’ambition forcenée, il cible son public, les jeunes et les femmes, et soigne son image médiatique jusque dans les moments de recueillement religieux qui précèdent les combats.
"Avant, les mots de la tauromachie, bravoure, noblesse, sang, trouvaient des résonances bien particulières, maintenant, tauromachie rime avec business". La tauromachie de Jesulin de Ubrique est en accord avec l'esprit d'une société attirée par les excès, les apparences, les défis dérisoires. Elle représente l'Espagne des désillusions, des valeurs frelatées, où tout est évalué selon les lois du marché. Sa méthode, consistant à dominer les taureaux en bougeant le moins possible, est contestée, mais ne le met pourtant pas à l’abri de la mort, toujours présente. Des foules hystériques se déplacent pour le voir en Espagne et dans le Sud de la France. Hervé Pernot le suit dans les arènes, sur les plateaux de télévision, et l’interroge dans la luxueuse villa qu’il habite avec ses parents en Andalousie.