Amsterdam, 1662

Amsterdam, septembre 1662. Rembrandt, armé de ciseaux, mutile sa dernière toile, La conjuration de Claudio Civilis, que les bourgmestres viennent de lui refuser. Ce n’est pas la première tension entre le peintre et les élus, qui désormais lui préfèrent ses disciples plus dociles : ses problèmes d’argent, son amour démesuré de la liberté et ses tableaux jugés trop “vulgaires” dérangent dans un pays qui, bien que libéral et opulent, doit se plier à la moralité austère du calvinisme. Depuis qu’elle s’est libérée de la tutelle espagnole, la Hollande, devenue une république, s’est en effet imposée, grâce à son activité portuaire, comme le plus grand centre économique occidental : une exception dans une Europe ravagée par les guerres et la misère. Mais sa richesse et ses principes libéraux, défendus notamment par le philosophe Spinoza, lui attirent de plus en plus les foudres des calvinistes et provoquent l’exaspération des monarchies autoritaires voisines, comme la France de Louis XIV..