Koyamaru, l'hiver et le printemps

Documentaire
    Réalisé par Jean-Michel Alberola • Écrit par Jean-Michel Alberola
    France • 2009 • 88 minutes • Vidéo & 16 mm • Noir & Blanc
  • N° ISAN :
    ISAN 0000-0003-5385-0000-M-0000-0000-8
Résumé

"La perche dans le champ est une des prouesses stylistiques du cinéma des années 70. Au nom d’une transparence absolue du film, il fallait que son mode de production même (industriel, marchand) se reflète dans le cadre. Telle était la condition sine qua non pour que le réel affleure à la surface de l’image, jamais en lui-même mais toujours re-présenté. En principe, le reflet dans l’image de son mode de production était censé produire une distance critique salvatrice des consciences enfin non-dupes. Rien de tel ici où tous les procédés de cette rhétorique n’ont été conviés que pour fonctionner à contre-emploi.
Tout d’abord parce que l’espace confiné des maisons, l’hospitalité des villageois, l’humour de la jeune femme qui mène les entretiens, abolissent toute distance. Ensuite parce que l’objet même du film, une enclave paysanne attachée à la tradition de plus en plus menacée par la mondialisation de l’agriculture, ne cesse de se dissoudre sous nos yeux. Si la qualité du riz de Koyamaru est due à l’eau récoltée à la fonte des neiges, l’eau est un obstacle à la mécanisation de la culture. Le charme des veillées d’antan, d’avant la télévision, avait pour contrepartie l’enfumage des habitants et la maladie. L’autarcie était source de rachitisme. La terre jadis n’appartenait pas aux paysans, mais aux seigneurs. Ce village qu’on ne voit jamais, tapi au creux des montagnes, enfoui sous la neige, est un pur simulacre, balloté au gré des vagues de l’histoire."
(Yann Lardeau)

"In the field, the boom is one of the stylistic feats of filmmaking in the 70s. For the sake of utmost transparency, the film’s production methods (industrial, commercial) had to appear in the frame. This was the prerequisite that allowed reality to break through to the surface of the image, never per se, but always re-presented. In principle, reflecting the mode of production in the image itself was meant to create a critical and salutary distance for the spectator, whose awareness was no longer duped. This is quite the opposite in Koyamaru, where all the processes of this rhetoric have been used to act against themselves. The village, which is never shown, buried under the snow, is a sheer simulacrum, tossed about by the waves of History." (Yann Lardeau)

Sélections et distinctions
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