L'Allemagne, la France et l'Air du temps - 1. Les Années d'illusion - 2. Les Années parallèles

"1. Les Années d'illusion
Dans les années 1920, à Berlin comme à Paris, l'euphorie musicale panse les plaies de la grande guerre. On veut croire à une paix définitive et on le chante. Ce film, entièrement constitué d'extraits musicaux montés sur des images d'archives, propose une vision peu commune des événements qui ont favorisé l'avènement du nazisme.
À Berlin, carrefour de la fête et de l'argent facile, les cabarets fleurissent où se créent comédies musicales exotiques et revues à l'américaine. Les célébrités du monde entier affluent : Chaplin, la Pavlova, Mistinguett, Maurice Chevalier, Joséphine Baker... En 1929, le vendredi noir de Wall Street fait éclater la crise qui va gagner toute l'Europe. Mais le chômage, la régression économique, la montée du nazisme n'arrêtent pas la musique : à Paris, la joyeuse désinvolture du jeune Trenet et de Mistinguett triomphe. En 1936, pendant le Front populaire, on organise des bals dans les usines occupées. Puis la guerre éclate, Lili Marlène devient la chanson officielle du régime nazi, tandis qu'une partie de la France fredonne Maréchal nous voilà.

2. Les Années parallèles
Ce deuxième volet débute après la Deuxième Guerre mondiale pour s'achever sur les images de la chute du mur de Berlin. Après la reprise économique des années 1950, qui voit s'épanouir jazz et rock'n roll, l'Allemagne et la France traversent une crise sociale et morale dont toute une génération de jeunes auteurs compositeurs se fait l'écho.
L'Allemagne est en pleine reconstruction. La machine industrielle redémarre, on parle alors du miracle économique ouest-allemand. Interdit par les nazis, le jazz souffle un vent nouveau. Pour oublier le passé, on rêve de liberté. En France, la classe ouvrière se reconnaît dans les chansons populaires de Montand ou de Piaf. En 1953, à Berlin-Est, la révolte ouvrière contre le pouvoir communiste marque la fin des illusions. En Allemagne comme en France, une génération d'interprètes chante la liberté et le dégoût de la guerre : Barbara, Wolf Biermann, Reggiani donnent à la chanson engagée tout son sens. Les images récentes d'un concert géant organisé à Berlin en réaction aux manifestation néo-nazies prouvent que la chanson, aujourd'hui encore, joue un rôle de défenseur des libertés."
(Mario Fanfani)