Americana

"Les États-Unis n’ont pas la cote dans le monde, la liberté et la démocratie ne s’exportent plus, elles ont du plomb dans l’aile : trop de crimes commis en leur nom. De jeunes américains idéalistes l’apprennent à leurs dépens à Istambul, à Belgrade, à Hiroshima. Au Viêtnam, un vétéran s’épuise à panser l’irréparable, les plaies génétiques de l’agent orange. Mais à Needles, Californie, petite ville paisible du Désert de Mojave, aux jours et aux nuits bercés par la radio locale, on ne l’entend pas de cette oreille. La rumeur du monde y est inaudible. Ce n’est pas un océan qui sépare le Viêtnam de Needles, mais l’espace intergalactique. Needles a la fibre patriotique : les cérémonies des anciens combattants rassemblent la population comme les remises de diplôme en fin d’année, une milice de défense civile créée par des enseignants et des élèves au lendemain du 11 septembre (le MOCK National Security Workshop), constituée de collégiens à visage impassible, casques rutilants et mousquetons astiqués, oriflammes et costumes tout droit sortis d’une série Z de science-fiction, arpente les couloirs et les amphithéâtres des collèges en quête de recrues, l’armée y a son stand. Ils sont deux à franchir la porte de ce stand, deux garçons d’origine modeste, bien déterminés à saisir la promesse d’un avenir solide que leur laisse entrevoir l’armée américaine..."
(Yann Lardeau, Cinéma du Réel 2009)