Chantons de gauche à droite !

"En quoi une chanson est-elle utile ? Il ne se passe pas un jour sans qu’un artiste ne se pose la question. Et à quoi servent les artistes et leurs chansons ? En référence à la fameuse photo qui réunissait en 1969, un an après les évènements de Mai 68, Jacques Brel, Léo Ferré, et Georges Brassens, nous avons voulu renouer avec la formule du débat libre entre les nouvelles stars de la chanson : Benabar, Cali, Sanseverino, Vincent Delerm, Juliette, Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal, Abd al Malik, Disiz la Peste, Grand Corps Malade… Nous les avons réunis, dans le contexte singulier de la campagne présidentielle de 2007, pour les inviter à s’exprimer sur leur métier, leur rapport à la création, à la citoyenneté mais aussi à la politique. Qu’est-ce que la chanson ? La chanson engagée est-elle un acte de création ou un acte de résistance ? Art majeur ou mineur comme le disait Gainsbourg ? La chanson, media de masse, peut-elle agir comme révélateur social ? Comme moteur d’une prise de conscience sur l’état de la société ? Les partenariats chanteurs-politiques doivent-ils être considérés comme une dérive vers la politique spectacle, où comme le signe d’un intérêt renouvelé pour la chose publique ? Tous ces artistes, labellisés "nouvelle scène française", réagissent aux images d’archive retraçant 40 ans de liens plus ou moins forts entre la chanson et l’histoire politique et sociale de notre pays : les débuts de la chanson engagée, Mai 68, Maxime Le Forestier porteur de la révolte hippie, Lavilliers en protest singer très "rive gauche", les coups de sang de Balavoine ou de Zebda tirant à boulet rouge sur Chirac, la "Tontonmania" et les années Lang, la chanson caritative, la montée du Front National et l’appel au vote des rappeurs… Mais également, à côté des brûlots enragés de Renaud (Société, tu m’auras pas), de Trust (Antisocial) ou de NTM (Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?), les très républicaines Marseillaise de Mireille Matthieu ou de Dalida, les virils et patriotiques succès d’un Michel Sardou se vivant Français avant tout (Le France, Les Ricains), ou les hymnes à l’intégration portés par Faudel (Mon Pays), vingt ans après la génération beur de Carte de Séjour (Douce France)." (Bruno Sevaistrre