Nés abandonnés

"Dès ma naissance, le 29 décembre 1955, c’est une autre femme que ma mère qui va m’élever pendant trois ans. Je n’en entendrai plus jamais parler ensuite. Aujourd’hui je pars à la recherche de cette femme pour retrouver le fil de ce premier attachement. Je veux aussi aller à la rencontre des femmes qui, comme ma mère, mettent au monde un enfant qu’elles ne pourront pas élever, pour les confier à d’autres femmes, d’autres familles."
Le réalisateur Jean-Pierre Vedel a voulu articuler sa propre histoire à celles des autres aujourd’hui. Il cherche à savoir ce qu’il en est en 2010 des femmes qui décident d’abandonner leur enfant ? Est-ce que le regard de la société sur elles a changé ?
Le film, à travers deux témoignages bouleversants de vérité, montre d’abord combien ces femmes enceintes sans l’avoir désiré se sentent le plus souvent seules et démunies. On découvre qu’elles peuvent trouver à Paris une structure d’accueil unique en France, l’association Moïse où elles sont accompagnées sans être jugées.
Puis, le film s’attache au sort d’un enfant né sous X aujourd’hui. Le réalisateur a voulu filmer son premier contact avec celles qui vont le recueillir. Car selon la loi, sa mère a deux mois pour confirmer l’abandon ou le reprendre avec elle. Deux mois pendant lesquels il va être pris en charge dans une pouponnière ou par des assistantes familiales qui l’accueillent chez elles au sein de leur famille. On voit comment ces personnes vont l’aider à passer le cap de ces deux mois sans mère, faire en sorte qu’il ne tombe pas dans le vide, qu’il ne perde pas le fil de sa propre histoire.
Le film enfin interroge des enfants abandonnés à la naissance devenus adultes, et la trace qu’a pu laisser le vide originel et le secret de leur naissance.
Qu’une mère, sans honte et en toute sécurité, puisse mettre au monde un enfant pour le confier à d’autres, – et que les premiers pas de cet enfant puissent être accompagnés par des bras rassurants et des paroles justes, comment concilier ces deux choses a priori contradictoires ? Le film veut montrer que cela n’est pas impossible.