L'Homme aux cheveux bleus

"L’Homme, c’est Glauber Rocha (1938-1981), cinéaste brésilien dont Sylvie Pierre et Georges Ulmann dressent le portrait, de la première rencontre avec le critique Louis Marcorelles à sa dernière venue aux Cahiers du cinéma, de l’éclosion du Cinema Novo à l’isolement, du Dieu noir et le Diable blond (1963) à L’Âge de la Terre (1980). Les extraits éclairent les témoignages des proches, telles Juliet Berto ou Christiana Tullio Altan.
Le style rocailleux du cinéma de Glauber Rocha est inséparable de sa personnalité et de son physique. Pascal Bonitzer rapproche son ventre proéminent et ses gestes de clown du comique carnavalesque de Terre en transe (1967). Sylvie Pierre se souvient de sa voix - on l'entend qui évoque Pasolini -, de sa façon de mettre en scène la parole, monologuant, inventant des mots. Jacques Aumont insiste sur son art qui se nourrit d’influences hétérogènes, s’appropriant aussi bien l’art brut que le néoréalisme italien. L’Homme aux cheveux bleus transmet avant tout l’énergie libertaire qui animait Rocha : le titre s’inscrit au son de coups de feu, puis Sylvie Pierre crie son amour pour l’ami disparu. Par-delà l’hommage, ce film réalisé en 1989 saisit en filigrane une génération portée par les images et la foi d’un cinéaste engagé. Journaliste prolixe, porte-parole du Cinema Novo, révolté, créateur de formes, l’homme était aussi multiple et fascinant que ses films."
(Martin Drouot)