L'Arc-en-ciel au pied de la lune

Ici, les artistes ne sont pas des gens ordinaires. On les qualifie de déficients mentaux. Ils ont le geste gauche, éprouvent des difficultés de raisonnement, ont un langage limité. Néanmoins ils ont leurs univers. Celui-ci est riche d'un imaginaire foisonnant. Ils surprennent et étonnent.
Le film immerge le spectateur dans l'atelier. Que s'y passe-t-il ? Les artistes dessinent, peignent. Crayons, pinceaux, ciseaux en main, les corps sont en mouvement. Les yeux scrutent les supports, observent, ils réfléchissent et s'évadent. Les mains s'articulent, les doigts fouillent les couleurs et cherchent les teintes, ils précisent le contours d'un trait, ils hésitent et se reprennent. Les bras se tendent par moment puis s'assouplissent. La respiration s'accélère parfois ou se fait plus profonde. La tête, le cou, les épaules, la colonne vertébrale suivent. Tout ces mouvements perceptibles traduisent des émotions, des tensions. Quant à la tête, elle voyage suspendue aux fils des pensées. L'imaginaire fourmille. Des histoires s'inventent, des flots de souvenirs vagabondent, des airs de musique, des ritournelles se font entendre. Des idées s'éparpillent, d'autres se fixent. Puis jaillissent les formes, les matières, les couleurs, par bribes ou par éclats, dans l'immédiat.