Carte blanche

Un hôpital ne dort jamais. En tant qu’institution permanente l’hôpital rappelle à ses citoyens qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous maintenir en vie. Il représente au sein de notre société moderne la trace du mythe de la vie éternelle dont le traumatologue en détient les clefs. Il a carte blanche. Étant le seul traumatologue de l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, Dr. Soffer est toujours de garde. Son rôle est d’enrayer et d’écarter à tout prix les puissances de mort qui frappent ses concitoyens. "À ma cour de Justice je condamne tout le monde à la vie", dit-il en souriant. La violence sociale qui frappe la force de travail de son pays ne lui laisse cependant aucune trève. Dr. Soffer est astreint à repousser ses propres limites afin de répondre à sa devise : réinsérer la jeunesse dans le monde du travail. Les situations extrêmes qu’il devra affronter l’obligeront à considérer les paradoxes de sa propre activité. Son département se remplit constamment de citoyens que la société ne désire pas. Dr. Soffer s’acharne cependant à leur offrir un havre de repos ainsi que de leur indiquer une voie de sortie pour qu’ils quittent l’hôpital sain et sauf. Arrivé de nulle part repartant vers un avenir compromis chaque visage interroge notre manière de considérer notre propre vie et celle de son prochain. "Carte blanche" est le portrait tragique d’un traumatologue mettant en œuvre la totalité de ses propres moyens techniques et d’imagination afin de libérer ses patients du cercle de violence dans lequel lui-même est piégé.