Rentrer dans le rang !

"La jeunesse est un mal nécessaire !" La boutade est presque devenue une réalité. Certains ont la chance de traverser cette période sans encombre mais d’autres vont d’échec en échec et s’enlisent rapidement sans espoir de retour. Ils sont de plus en plus nombreux à rester sur le bord de la route. Inutiles, notre société semble ne plus avoir besoin d’eux. J’ai voulu suivre le parcours de quelques jeunes perdus qui ne viennent pas de la banlieue parisienne mais de Bretagne, de Brest, de Lorient ou d’un petit village d’Ille-et-Vilaine. Des jeunes difficiles, abrupts et attachants. Perdus, en grande difficulté et se sentant perdre pied, ils se sont retrouvés au centre EPIDE de Lanrolec. Les EPIDE sont des établissements de rééducation un peu particuliers menés par des militaires. Crée en 2005, sous la présidence de Jacques Chirac, le principe est simple : tenter de remettre sur les rails des jeunes un peu cabossés, dont les seules erreurs est d'avoir pioché les mauvaises cartes et connu un parcours chaotique. Dans ces centres d’un genre nouveau, une particularité : épaulés par des travailleurs sociaux, la plupart des cadres sont d'anciens militaires. Ils sont là pour appliquer leur méthode. A première vue, ce n'est pas vraiment l'idée que je me faisais d'un centre d'insertion. Les jeunes qui viennent ici pendant huit mois ne sont pas punis. On les surnomme même les VI : volontaires à l'insertion. Ils ont en moyenne 18, 20 ans ; j'ai l'âge d'être leur grande sœur et pendant huit mois je vais suivre le parcours. Je ne sais pas si la méthode est efficace et je les ai suivis, ainsi que leurs éducateurs pendant cette année charnière qu’ils ont choisi eux-mêmes de tenter comme une dernière bouée avant le naufrage